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Au procès de Roman Polanski, la défense met en cause « #metoo et sa responsabilité alternative »

Allait-on assister à un nouvel épisode du Metoo du cinéma français, mardi 5 mars, à la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris ? L’affiche semblait une promesse : l’actrice britannique Charlotte Lewis poursuivait en diffamation le cinéaste Roman Polanski, qui l’a qualifiée de menteuse dans un entretien à Paris-Match, en décembre 2019. Le réalisateur de J’accuse était alors interrogé sur les accusations d’agression sexuelle et de viol portées contre lui par plusieurs femmes, dont Charlotte Lewis. Neuf ans plus tôt, lors d’une conférence de presse organisée en plein Festival de Cannes, celle-ci avait raconté avoir été agressée à l’occasion d’un casting organisé chez Roman Polanski, à Paris en 1983, alors qu’elle était âgée de 16 ans.
« Voyez-vous, la première qualité d’un bon menteur, c’est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever ces contradictions », observait le réalisateur, en citant plusieurs déclarations successives de la plaignante, dans lesquelles elle évoquait une relation amoureuse avec lui. A la question des journalistes qui lui demandaient : « Mais quel intérêt aurait-elle de vous accuser à tort ? », Roman Polanski répondait : « Qu’est-ce que j’en sais ? Frustration ? ll faudrait interroger des psys, des scientifiques, des historiens. Que sais-je ? »
Roman Polanski, 90 ans, n’a pas fait le déplacement au tribunal, laissant ses deux avocats, maîtres Delphine Meillet et Alain Jakubowicz, le représenter. Charlotte Lewis, 56 ans, est bien là. « J’avais un besoin impératif de laver mon honneur », dit-elle. A l’audience, elle renouvelle ses accusations sur cette soirée de 1983, où elle s’est retrouvée seule avec le réalisateur, après que l’amie qui l’accompagnait est partie se coucher. « C’est là qu’il m’a violée », dit-elle. Elle explique son long silence : « Il était comme un père pour moi, un mentor. Je n’ai réalisé la gravité de ce qu’il m’était arrivé que trente ans plus tard. »
La défense souligne ses contradictions, exhume un entretien qu’elle a accordé en 1999 au tabloïd britannique News of the World, dans lequel elle témoigne de son admiration pour le réalisateur, qui lui a confié, en 1986, un rôle dans son film Pirates – « Il me fascinait et je voulais être sa maîtresse. Je le voulais probablement plus qu’il me voulait », confiait-elle alors. Le débat glisse et se perd sur les méthodes du tabloïd, la frêle actrice conteste vigoureusement les propos qui lui sont prêtés, se met en colère, la défense lui rappelle qu’elle a été rémunérée pour accorder cet entretien, l’audience s’englue, Charlotte Lewis craque. « Regrettez-vous d’avoir parlé ? », lui demande son avocat, maître Benjamin Chouai. « Oui. Je regrette. J’ai vécu une campagne de dénigrement qui a failli me détruire. Aujourd’hui, si une femme vient me dire qu’elle a été violée et me demande si elle doit le révéler, je lui dirais : “Non. Tire un trait sur tout ça. Poursuis ta vie” », répond-elle.
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